From Tim Harford’s conclusion to his brilliant “How to make the world add up” :
Author: consciencebots_6h4oq0
What makes us curious?
From Tim Harford’s “How to make the world add up”.
Per George Loewenstein a behavioral economist, curiously starts to glow when there is a gap between what we know and what we want to know. The sweet spot for curiosity is between knowing nothing and (the illusion of) knowing everything.
“Curiosity is fueled once we know enough to know that we don’t know”
Literacy does not make us better humans, Curiosity does.
From Tim Hartford’s “how to make the world add up” : a study by Dan Kahan showed that scientific literacy actually reinforce biases and tribalism BUT ‘scientific curiosity’ reduces them! The more curious we are the less tribalism influences our views, and thankfully there is no correlation between curiosity and political affiliation so that trait is present across the political spectrum.
From Tim Hartford
In “How to make the world add up” :
“I worry about a world in which many people will believe anything, but I worry far more about one in which people believe nothing beyond their own preconceptions.”
Words from my Great Grandfather
A moving testimony from the past – August to October 1914
A year back, my 97 years old grand-mother was given a small notebook where her father had kept a journal of his departure to the Great War, World War One. She barely knew her father, who died (of “fevers”) when she was very young. And it is puzzling that this notebook was kept away from her and her brother for so long. This notebook is short, carefully handwritten in pencil. He only had primary education and apart from a few spelling mistakes it’s quite amazing to see the sophistication of his writing. It is very moving and I wonder why it stopped so short. Did he stop writing? Or did he write other notebooks that got lost (or that we will one day find)?
Anyways, our son and I spent time transcribing the content of the notebook – here it is, in French obviously, along with a calendar of the year 1914.
Marcellin Jadeau 1889-1925
Carnet de campagne 1914
Appartenant à Jadeau Marcellin
Rue Belle étoile
[page illisible – noms de personnes?]
Campagne de 1914:
Le 30 Juillet la situation devient mauvaise. La Russie répond aux menées Autrichiennes en mobilisant une dizaine de corps d’armée. L’Allemagne sous des dehors trompeurs entretient la discorde.
31 Juillet: La France s’inquiète des préparatifs de l’Allemagne qui mobilise en secret et malgré les protestations d’amitiés et les désirs de paix de l’Empereur Guillaume.
1 Août: L’Allemagne aillant posé un ultimatum à la Russie lui demandant de retirer ses troupes sur la frontière allemande, la Russie répond par la négative. L’Allemagne lui déclare la guerre.
La France inquiétée par la mobilisation Allemande lance l’ordre de mobilisation générale à dater du 2 Août (Dimanche 2 Août). [illisible]
Lundi 3 Août: Départ de Bressuire à 8 heures. On arrive à Poitiers. Je rejoins la 21ème batterie de renforcements à laquelle je suis affecté. Nous préparons toutes les opérations du premier jour de mobilisation. A Poitiers comme partout d’ailleurs l’enthousiasme est grand. On est dirigé aussitôt sur Vouneuil sous Beard pour former notre batterie – petit bourg situé à 8 k de Poitiers. La nouvelle nous parvient dans la journée que l’Allemagne a déclaré la guerre à la France. La chose ne nous étonne guère et nous fait éprouver un soulagement, jusqu’ici nous étions dans l’incertitude et nous éprouvions un véritable agacement à ne pas savoir à quoi nous en tenir. Maintenant la chose est sûre, nous nous battrons. Tous les désirs des réservistes que nous sommes n’ont qu’un seul but: détruire un empire Germanique qui depuis 1870 ne nous a suscité que des embêtement.
4 Août: [illisible]
Du 4 au 12 nous cantonnons à V [?]. La constitution de la batterie se poursuit normalement, affectations des pièces. Je suis versé à la 8e[?] avec le M. Des Logis Bouillaud de la classe 1910. Officiers Cap. Journaut Léon de réserve Demont [?].
12 Août: Nous quittons Vousserai [?] à 8 heures du soir pour nous rendre a Lessart lieu d’embarquement. Le départ me paraît étrange et impressionnant. Pour tous la question est la même: Où allons-nous? Quelques un disent Vincennes, d’autres Chaumont, d’autres Belfort. Pour nous rendre a Lessard nous traversons une partie de Poitiers. Notre départ ne passe pas inaperçu et attire l’attention des habitants. Les questions et les réponses s’entrecroisent: Ou allez vous, rapportez nous la tête à Guillaume, tuez les tous.
13 Août: 1 heure du matin l’embarquement est terminé nous partons dans la direction d’Orléans.
14 Août: Apres avoir passé à Troyes non sans avoir d’abord traversé la Beauce où la population nous reçoit très bien. Des infirmières de la croix rouge nous attendent dans les gares et nous donnent des boissons rafraichissantes, quelques-unes du lait, d’autre des fruits, des médailles.
Tout le monde communie à la même cause; quand nous passons à proximité d’agglomérations ou quand nous traversons les gares les habitants agitent leurs coiffures, les femmes nous envoient leurs plus beaux sourires, et les enfants agitent leurs frêles menottes. Beaucoup nous demandent la tête à Guillaume. Dans les champs les cultivateurs qui nous voient passer prennent leurs faux et font le geste de couper le cou à des êtres imaginaires que l’on connait.
14 Août nous débarquons dans la matinée à Barisez la côte après 30 h de chemin de fer et prenons la direction de Nancy. Nous passons par Colombey Allain au Beuf Tuilley et Bainville où nous cantonnons.
Le pays a beaucoup changé d’aspect, les collines montagneuses que nous voyons au loin vers l’est sont les Vosges. L’architecture des maisons, les coiffures des femmes, leur physique même, nous donnent déjà une idée de la Lorraine où nous sommes.
15 Août. Le 15 Août à la première heure nous quittons Bainville. Après avoir traversé Neuf Maisons et Chanzy où la population, bien que blasée sur le passage des militaires, ne se lasse pas d’être accueillante, nous arrivons à Nancy. La ville parait majestueuse, beaux édifices, rues larges et comme tirées au cordeau, nombreuses casernes.
Partout sur notre passage on nous offre soit des boissons rafraichissantes, soit des produits alimentaires. De leur balcon les femmes agitent leurs mouchoirs, d’autres nous lancent des cigares, des cigarettes, des fleurs, des cartes postales. Un vieux bonhomme appuyé à son balcon nous envoie des baisers en pleurant. Nous cantonnons à Champignolles après avoir traversé Maxeville, agglomérations qui ne sont que des faubourgs de Nancy.
16 Août. Départ de Champignolles pour la frontière pour constituer la deuxième ligne de feu devant Nancy.
Nous sommes là à 10 km de la frontière et à 40 km de la ligne de feu. Nous entendons d’ailleurs très bien le canon. Nous y retrouvons la 22ème et la 23ème batteries. Le 329 le 232 le 314 le 339 régiments d’infanterie de réserve sont là également. Le soir nous couchons à Essey les Nancy à 3 K de Nancy dans la nouvelle caserne du 69e d’infanterie évacué dés le premier jour de leur mobilisation. Leur départ a été tellement précipité qu’ils n’ont pas eu le temps de mettre leurs affaires en ordre. Tout est jeté pèle-mêle dans les chambres. Les bureaux et les magasins sont ouverts.
17 Août. Nous revenons à la frontière occuper notre position d’hier. Nous y passons toute la journée sous la pluie sans apercevoir l’ennemi. Le soir nous revenons coucher à Essey. Notre premier soin en arrivant est de changer de chaussures car nous avons les pieds tout mouilles, et d’allumer le poêle qui est dans notre chambre pour nous sécher.
18 Août. Alerte à minuit, on ne part pas on retourne se coucher. Matinée tranquille à 11h départ nous revenons cantonner à Champignolles dans la cour d’un château.
19 Août. Nous quittons Champignolles à 1h ce matin, nous passons à Belleau et cantonnons à environ 1 km de ce village. L’infanterie nous précède, nous sommes à environ 9 à 10 km de la frontière dans la direction de Metz.
20 Août. Vers 10h du matin on entend une très violente canonnade vers le nord, accompagnée du crépitement des mitrailleuses. Une action décisive semble s’accomplir, nous attendons les évènements. A 14h le feu augmente d’intensité. Nous avons sur notre droite le mont Foulon aménagé de pièces de 120, plus prêt de nous dans la même direction un bois derrière lequel s’abritent nos avant-trains. Les pièces de 120 du mont Foulon tirent ainsi que la 22e Batterie et la 23e Batterie qui sont très bien placées sur une forte colline à notre gauche à 1500 m environ. A ce moment l’ennemi se met à bombarder le mont Foulon qui probablement leur font des dégâts. Les coups qui ne sont pas bien en direction viennent éclater auprès de nous. Occupant une mauvaise position et ne recevant pas d’ordre de notre commandant qui semble nous avoir oublie, nous nous retirons en arrière pour prendre une nouvelle position. 15h la canonnade a cesse sur notre parcours nous rencontrons nombre de blesses du 277e d’infanterie de réserve. Ils nous disent qu’ils ont été surpris par les Allemands dans le bourg de Nomery à 8 km de notre position, par conséquent trop loin pour pouvoir les soutenir de notre feu, et obliges de se replier en laissant pas mal de morts et de blesses. L’angoisse nous étreint le coeur. Serions-nous vaincus? 16h de notre nouvelle position nous apercevons le 325e d’infanterie de réserve qui va remplacer le 277e. Ce sont avec le 232 les seuls régiments d’infanterie qui restent ici, l’action ayant été dirigée d’hier sur la Belgique. 16h la fusillade recommence encore plus vive et dure jusqu’au soir. 18h à ce moment notre artillerie se met à cracher avec une vrai furie et couvre au loin la plaine du feu des éclatements de ses obus. L’ennemi ne répond pas et il est aveugle par notre feu. La canonnade dure ainsi jusqu’au soir. De la position que nous occupons sur une colline assez élevée, nous apercevons tout le champ de bataille. Le spectacle est terrifiant. On voit des obus tomber dans les lignes ennemies et semer la mort. L’horizon semble être en feu. Le bourg de Nomery qui brule depuis plusieurs heures ainsi que plusieurs autres petits villages incendiés par des mains criminelles des Allemand. Car ceci se passe sur le territoire français, combien de français sont sans abris. 20h nous quittons notre position pour venir cantonner au bord d’une route. Chacun mange ce qu’il a en sa possession, pas grand chose. Mauvaise nuit pour nous, on ne pouvait savoir qui nous entourait. (???) prenons la garde autour de nos pièces. On voit à chaque instant passer les voitures transportant les blesses. Les fantassins du 325e n’ont fait que passer toute la nuit. Ils étaient complément démoralisés. Ils s’enfuirent de tous cotes pris d’une véritable panique.
21 Août. Nous reprenons à la première heure notre position de la veille et nous apprenons un peu ce qui s’est passe hier. Le matin une compagnie du 279 s’était dirigée vers Nomery. Ne voyant pas d’Allemands, ils ont pousse jusqu’au bourg. En arrivant elle demanda aux habitants s’il n’y avait pas d’ennemis par là. Sur la réponse négative elle s’installa dans le bourg et se mit à faire la soupe. Mais on les avait trahi. Les Allemands caches dans les bois tout autour les criblèrent de balles. Beaucoup y sont restes. Louis Jottreau qui en faisait partie tomba aux premières balles avec son lieutenant qui était à sont cote. Nous sommes dans un pays ou pullulent les traitres et les espions, je ne sais combien ont été arrêtés. J’aime à croire que ce ne sont pas des Français.
Aujourd’hui la canonnade a (???) mais le feu n’a commence que vers 7h, a atteint son maximum d’intensité vers 11h pour terminer vers 14h. Le soir tout est calme, nous reprenons confiance.
Le 325 et le 277 très éprouvés d’hier se replient en arrière de l’artillerie pour se reformer. L’Etat-Major a compris la faute qu’il avait commise en ne laissant sur cette partie de frontière qu’une division de réserve. Il a rappelé 6 bataillons d’active du 33e ainsi que 2 régiments d’infanterie le 66 et le 32 qui étaient pour partir pour la Belgique. On commence à être un peu plus tranquilles.
On voit passer également de ces pauvres habitants obliges soit de quitter leur village emportant le strict nécessaire, soit de rester exposes à l’action meurtrière des obus ou à la férocité inouïe des Allemands.
22 Août. Départ pour Landremont à la première heure. Nous prenons position au nord nous rapprochant ainsi de la frontière à 13 km de Pont-a-Mousson, ville ouverte bombardée des le début de la campagne par les Allemands. Matinée tranquille, soirée bien moins calme. Vers 12h une batterie lourde Allemande de 105 nous envoie une quantité d’obus (???) qui ne nous font aucun mal. Par contre l’infanterie installée dans des tranchées au haut de la crête a eu 2 morts et quelques blesses. Ils cessent de nous bombarder vers 14h au moment ou nos pièces de 120 du mont Foulon qui les ont aperçus leur tirent dessus. Vers le nord on entend vers 16h nombre de coups de canons laissant deviner une bataille vers le territoire belge. Il est 17h le bruit continue toujours. Nous avons reçu aujourd’hui le baptême du feu. Jamais pareille angoisse n’a été ressentie par moi et mes camarades. Couchés par terre nous entendons venir un par un les obus Allemands. Un coup sourd au loin et nous nous disions voila qui est pour nous, couchons nous et presque aussitôt nous entendons le sifflement de l’obus qui arrivait, il éclatait en touchant terre avec un grand fracas, et alors les éclats nous sifflaient aux oreilles, heureusement sans nous atteindre. Enfin ce soir le calme est revenu. En sera-t-il ainsi toute la nuit?
23 Août. Nous restons sur nos positions. Journée très calme.
24 Août. Même position, journée calme pour nous mais par contre on entend le canon à l’Est tout le jour, direction Nancy-Luneville.
25 Août. Hier soir nous avons change de position, toujours a Landremont, mais la Batterie orientée vers l’Est. Ce matin à 11h on entend la canonnade du cote de Pont-a-Mousson, elle cesse une heure après. La nuit dernière une compagnie du 232 a fait patrouille à M(???) et dans les bois avoisinants. Voici ce qu’ils ont raconte. Lors du combat de Nominy il y a eu pas mal de morts tant français qu’Allemands. Les cadavres jonchaient les rues du village et des environs. Une corvée d’infirmiers avait été commandée pour relever les blesses et enterrer les morts. Dimanche dernier ils n’avaient rien fait. La patrouille a trouve un infirmier ivre mort dans un état pitoyable parmi les cadavres. Il a été ramené à Landremont. Il fut fusillé après avoir passe le conseil de guerre. Je ne m’explique guère pareille incurie. Une compagnie va être commandée pour cette funèbre besogne. Mais il est un mal que l’on ne réparera pas, ce sont les blesses qu’il n’aura pas sauves et qui sont morts faute de soins. C’est une faute pour les infirmiers français.
Je m’étonne des maintenant de ne pas sentir de douleurs à coucher toutes les nuits sous un gourbi. Il est vraie que l’habitude est une seconde nature. Voila exactement 23 jours que je n’ai pas couche dans un lit, et ce n’est pas fini.
Mercredi 26 Aout. Matinée très calme. Depuis la bataille de Nominy les Allemands se sont retires à l’Est vers la frontière. On parle beaucoup depuis ce matin d’une défaite infligée aux Allemands. Les Huns passant par la trouée de Luneville se seraient avances jusqu’a 4 km de Nancy. L’annonce de leur arrivée aurait semé l’affolement dans cette ville. Ils auraient été battus à plate couture. On parle de 20 000 morts et blesses Allemands et 10 000 prisonniers. Toutefois j’attends la confirmation officielle. Ce seraient les Bavarois qui auraient le plus souffert dans la mêlée.
14h on entend une violente canonnade dans la direction de Luneville qui dure toute la soirée. On semble croire à de l’artillerie de siège. La bataille dont je parle plus haut a eu lieu aux environs de Luneville. Le General Cok (?) commandant notre division fait prévenir ses troupes que deux corps d’armée Allemands soit environ 10 000 hommes ont été encerclés aux environs de Luneville et anéantis après une bataille acharnée. Les prévisions de la matinée se trouvent dont dépassées. Cette nouvelle il va sans dire nous a fort réjouit. Pourtant la canonnade de ce soir est loin de nous laisser calmes. Que se passe-t-il?
19h la canonnade devient intermittente elle cessera à la nuit.
Jeudi 27. Journée calme ici. Canonnade très violente dans l’après-midi dans la direction de Luneville.
Vendredi 28. Cette nuit les forts de Metz illuminaient la plaine avec leurs puissants projecteurs (Metz à vol d’oiseau est à environ 25 km de l’endroit où nous sommes). Notre position actuelle se trouverait exactement sur une ligne droite de Metz à Nomery. Cette nuit nous avons entendu presque continuellement la canonnade des forts de Luneville (probablement) et les détonations sèches des mitrailleuses. Ce matin le canon tonne toujours et dans la même direction. Ce soir la canonnade continue encore.
Samedi 29. Journée tranquille. Quelques coups de canon dan le loin.
Dimanche 30 Août. Ce matin le canon tonnait du coté de Luneville mais la canonnade a cessé dès midi. Soirée très calme.
Occupations habituelles (soins personnels). One ne peut guère rêver pour le moment d’existence plus sédentaire. C’est presque la vie de l’homme des bois, un peu moins nomade. Journées très belles. Les soirées sont chaudes, les matinées se ressentent de ce pays de montagnes. Beaucoup de brouillards épais et fortes rosées. Le soleil seul sur les 7 h du matin dissipe un rideau épais et plutôt malsain.
Pour la première fois depuis trois jours nous avons reçu des nouvelles de guerre, notre situation générale parais indécise. Les Allemands sont refoules des environs de Luneville vers la frontière. Par contre ils sont dans le nord de la France (région Roubaix-Tourcoing).
Lundi 31. Journée calme. Dans la soirée nous avons eu un journal. Des nouvelles qui nous sont données sont plutôt pessimistes. Les Allemands de Belgique s’avancent toujours dans le nord de la France. A l’Est une aile Allemande s’avance dans la direction de la (???) malgré les efforts français.
Mardi 1er Septembre. Canonnade dans la matinée dans la direction de Luneville. Calme complet le soir.
Les quelques nouvelles que nous recevons sont de plus en plus pessimistes. Débordés par le nombre les troupes françaises et amies reculent soit dans le nord soit dans l’est de la France.
Suivant les renseignements qui nous parviennent, nous passons avec une extreme facilite de la joie la plus forte à l’oppression la plus vive et inversement. Il suffit d’une nouvelle donnée de vive voix passant de bouche en bouche, grossie, modifiée, pour qu’à l’instant notre état d’âme change complètement.
Et ici, Dieu sait si les fausses nouvelles ont droit de cite, propagées d’ailleurs ou inventées par les Pitons(?) qui semblent avoir cette spécialité là.
Le Français est ainsi fait qu’il se décourage ou prend confiance avec la même facilité. C’est notre cas ici.
Mercredi 2 7bre. La soirée de la veille a été moins tranquille que je ne pensais. Hier soir à l’heure de la soupe un aéroplane allemand a survole pendant plus d’une heure sur Lambremont et les cantonnements des troupes. Il a laissé tomber une bombe sur les avants trains de la 23e batterie blessant 1 homme et plusieurs chevaux. L’aéro passa plusieurs fois sur nous semant à chaque fois une véritable frousse, les hommes fuyant dans toutes les directions et sans but précis. Enfin sans doute après avoir joui de notre effarement, défiant le tir peu nourri des fantassins, l’allemand pris la direction de Metz non sans avoir, ô suprême ironie, lâché les 3 étoiles des avions français.
Ce matin la même chose se produisit. Un aéro allemand, le même sans doute, fit exactement les mêmes évolutions que celui de la veille. Il lâcha deux bombes qui tombèrent auprès d’un château situe dans la vallée en contre bas du village de Landremont. Ce château est occupe par de l’infanterie française, elle n’eut aucun mal. Dans la matinée le canon tonnait toujours du côté de Luneville.
Jeudi 3 7bre. J’ai eu le plaisir d’hier soir de voir deux lances de Uhlans et deux selles allemandes prises à l’ennemi dans une attaque d’avant garde aux environs de Nomeny. Les lances de couleur foncée sont longues de près de 3 mètres très légères et portent à leur extrémité une pointe assez acérée à base quadrangulaire. Les selles qui pourtant n’appartenaient qu’à des non gradés sont élégantes légères et se rapprochent à bien de points de vues des selles d’officiers français. Derrière les troussequins à droite se trouvait rattaché un étui couleur havane en cuir très souple dans lequel logeait une gamelle en aluminium très légère. Il m’a été donne également de voir une épée de cavalerie allemande. La poignée a 4 ou 5 branches.
Si la matinée a été calme la soirée a été toute différente. Trois avions allemands sont encore venus survoler sur notre cantonnement. Mais à l’encontre des soirées précédentes, cette fois-ci le canon français personnifie par plusieurs batteries leur a souhaite le bonjour le plus gracieux par l’envoi d’une dizaine d’obus qui malheureusement n’on eu aucun résultat destructif.
Depuis plusieurs jours nous nous sommes occupes à nous creuser des retranchements pour nous abriter contre les obus ennemis.
4 7bre. Ce matin sur l’ordre de notre Colonel et par suite de mouvements de troupe la 2e section de notre batterie nous a quittés pour se porter en avant et sur la droite occuper une position que nous avions déjà occupée.
Ce soir la canonnade s’est fait entendre vers 19h dans la direction de Luneville mais pendant peu de temps.
Le Capitaine vient de nous communiquer les nouvelles les plus récentes. Paris s’attend avant peu d’être assiégé par les allemands dont les avant gardes ont dépassé Compiègne. Le General Gallieni commande la place. Le gouvernement français en prévision de ce siège a été transféré a Bordeaux.
Samedi 5 7bre. Canonnade dans la nuit du 4 au 5 du côté de Luneville. Cette canonnade se prolonge pendant toute la matinée cette nuit (du 4 au 5). Alerte vers 4h du matin tout le monde sur pied mais la section toutefois n’a pas changé de position. Ce matin vers 10h nous avons tiré sur 2 aéroplanes allemands qui passaient sur notre cantonnement. A 13h nous avons reçu l’ordre immédiat de partir pour prendre une autre position. Nous avons pris la route parallèle à la frontière dans la direction de Pont-a-Mousson.
Apres avoir passe a1 la droite de Ville-au-Val, nous avons pris position auprès de Bezaumont petit bourg à cheval sur la route de Dieulouan. Peu de temps après notre arrivée nous avons été salue par une dizaine d’obus allemands qui tous sont tombes en avant des pièces. Cette canonnade a été provoquée par la 314 d’infanterie qui avait été vue par l’ennemi au moment où ils se relevaient dans les tranchées (ici j’ai vu beaucoup de camarades du pays). Vers 17h la canonnade se fait entendre un peu dans toutes les directions. L’ennemi occupe Mousson que notre artillerie bombarde en ce moment. Nous venons de voir l’équipement de quelques allemands tués dans la journée (bicyclettes, fusils, baïonnettes, casques de Hussards).
Dimanche 6 7bre. Nous quittons notre position a1 la première heure pour nous rapprocher de Landremont où nous retrouvons la 2e section qui y avait pris position la veille au soir. Nous arrivons juste à point pour recevoir nombre d’obus les uns éclatant près de nos pièces. Un tombe sur un caisson de ma pièce qui est défoncé. Les autres la plus grande partie éclatant sur Landremont. Vers 10h sous le feu de l’ennemi nous changeons de position pour nous placer à proximité de Landremont sur la crête en face de Ville au Val. La batterie d’obusiers allemands envoie quantité d’obus sur la crête un peu en avant de nous. La 22e batterie en reçoit plus de 500 à elle seule. Vers 15h comme j’étais sur la crête avec une jumelle nous apercevons plusieurs casques pointus qui sortent d’un bois à 3 km de nous pour se jeter probablement sur notre infanterie. Mais ils n’ont pas eu le temps le Lieutenant leur fit envoyer quelques pruneaux qui par bonheur étaient bien dirigés pour leur éprouver quelques pertes en les faisant disparaitre. Quelques instants après nous apercevons une batterie d’obusiers allemande qui était occupée à prendre position à plus de 8 km de nous. Apres un tir réglé à obus explosifs on réussit à les mettre en déroute. A la tombée de la nuit la fusillade s’engage entre l’infanterie allemande et le 314. Elle est assez vive. Nous endentons siffler les balles ennemies qui ne passent pass beaucoup au dessus de nous. Il est 20h la fusillade s’accentue on se met à tirer sur les bois. Au bout d’un instant on cessa le tir. On s’endormit malgré la fusillade mais voila que les obus ennemis approchent de nous. Ne pouvant tirer sur eux on est obliges de quitter notre position pour ne pas subir de pertes.
Nous nous retirons en arrière de (???) où nous passons le reste de notre nuit avec la 22e et 27e batterie.
La 22e qui était à notre gauche et un peu en avant a souffert du bombardement elle fut obligée après avoir tiré toutes ses munitions de se retirer au moment où l’infanterie allemande chargeait sur eux a1 la baïonnette en laissant 2 pièces de canon et 3 caissons en partie incendies par les obus. Avant de les abandonner les servants ont eu soin de rendre les canons inutilisables.
La 22e a eu un sous-officier et un brigadier de tué et 3 blessés dont un sous-officier. Nous partons dans la matinée nous passons à Marey. Nous nous installons dans un vallon tout près de ce bourg mais aussitôt mis en batterie nous recevons l’ordre de nous placer plus loin entre deux bois.
Nous passons la majeure partie de la journée à nous creuser des retranchements. Comme j’étais avec le Capitaine et le Lieutenant au poste d’observation vers les 15h, nous apercevons au lointain à droite de Metz une forte colonne de fumée qui parvient d’une explosion formidable dont on a reçu plus tard les renseignements c’est un fort allemand (fort de Verny qui sauta).
Mardi 8 7bre. Journée calme rien de nouveau. Nous apercevons à plusieurs reprises dans la journée un ballon captif français.
Mercredi 9 7bre. Ce matin vers 9h nous quittons notre position. Passage à Millony bourg situé sur la Moselle et étagé en contrebas d’une magnifique vallée. Nous passons auprès d’une batterie française de 120. A peine arrives à Millony nous entendons la canonnade d’obusiers allemands et les coups sourds de la batterie de 120.
Nous nous installons sur une crête qui descend directement en pente douce sur la Moselle à hauteur de Millony. Nous avons eu quelques renseignements sur la bataille de dimanche 6 7bre. Plusieurs régiments d’infanterie allemande de la garnison de Metz faisaient de la manœuvre aux environs de la place forte et dans la direction de la frontière quand ils apprirent que la 73e division de réserve française qui combat à notre gauche reculait. Les officier allemands pris de courage lancèrent tout bonnement leurs troupes qui n’avaient même pas de sacs ni provisions, à peine avaient elles leurs armes contre nos avants-postes de St Genevieve.
Malgré le feu des obusiers allemands qui se trouvent derrière Mousson et qui nous envoient force mitraille, grâce au courage et à la résistance du 314e d’infanterie les allemands sont repousses laissant environ 500 morts sur le terrain et nombre de blesses.
Si nous avons quitté Landremont c’est par suite de la faiblesse de la 13e division qui reculant à notre gauche nous a obliges également à quitter nos positions pour nous fortifier en arrière. Nous avons reculé d’un front de 3 à 4 km.
Jeudi 10 7bre. Hier soir vers 14h nous avons change de position nous marchons plus en avant en contrebas de la Moselle.
Dans la soirée nous avons éprouvé pas mal d’émotion toujours les obusiers allemands qui ont craché jusqu’à la nuit. Nous passons la nuit et la matinée du 10 sur nos positions. La nuit était loin d’être agréable, épouvantable avec pluie toute la nuit et sans abri. Vers 11h nous quittons notre position nous passons à Millery, à Custines nous rapprochant de Nancy pour un moment pour nous en écarter ensuite. Nous prenons la direction de Nomeny par un autre côté, nous cantonnons le soir a Bouxieres-aux-Chênes. Nous faisons ainsi une trotte de plus de 20 km tout le but est de prêter mains fortes à la 68e division de réserve qui a besoin d’être soutenue.
Jamais je n’ai vu de si près les horreurs de la guerre. La route pleine de trous faits par les obus allemands de 155 dans les champs à proximité des vaches étendus sur l’herbe les flancs troué par les éclats d’obus empuantissent l’atmosphère. Les arbres où les coups ont (?) leurs branches cassées les fruits de par la détonation jonchent même le sol.
Mais rien de surpasse en horreur l’aspect de ce pauvre village de Bouxieres-aux-Chênes les rues encombrées de débris de toutes sortes. Les maisons aux toits troues. Les murs démolis en partie ou ayant tous des excavations énormes. Les habitants ont sans doute des le premier bombardement fui ce funeste tableau.
Dans les écuries les animaux crèvent la faim: Dans les maisons tout est saccagé. Les obusiers ont mis le feu dans les maisons atteintes par les obus. Nous passons la nuit dans le village de Bouxieres-aux-Chênes où nous cantonnons dans un espèce de verger sous les arbres. Les conducteurs et les servants qui ne font pas de garde couchent dans un grenier à peu de distance du parc. Nuit aussi peu tranquille que possible du soir au réveil l’artillerie allemande n’a cessé de nous tenir en éveil notamment leurs obusiers. Deux de mes camarades couchés à côté de moi se sont enfuis, craignant les obus allemands qui pourraient tomber sur la grange. Le matin à l’aube nous quittons Bouxieres pour nous porter légèrement en avant. Là on était tout le groupe les 21-22-23emes batteries l’une auprès de l’autre. Nous sommes canonnés par l’artillerie allemande surtout par leurs obusiers. Les obus tombent sans relâche tout autour de nous. Le matin à l’arrivée je suis parti avec mes camarades au poste d’observation, on a été couvert d’éclats. Les autres restés en bas auprès des pièces surtout les téléphonistes étaient saisis on ne pouvait les comprendre, le lieutenant m’envoie au poste de la batterie. Dans ma course j’ai dû me coucher à plusieurs reprises pour laisser passer les obus qui arrivaient. Tout d’abord on ne pouvait repérer les batteries allemandes. Après avoir reçu des tuyaux d’un de nos aéros, on a ouvert le feu à 1700 m sur l’artillerie allemande. C’était un vrai duel d’artillerie. Un servant de la première pièce fut blessé d’un éclat à la jambe. Le sous-officier chef de la pi!ce a reçu une balle dans le côté, heureusement pour lui que dans la poche de sa veste il avait plusieurs carnets qui ont arrêtés la balle. Une autre a éclaté derrière mon poste tout en nous couvrant de terre. Dans la soirée on n’entendait plus le canon ennemi. Je suis parti aux avant-trains pour chercher ma capote. Quand en arrivant aux avant-trains voilà les obus qui nous arrivent en plein dessus. J’étais derrière un avant-train m’abritant le mieux possible. Un des conducteurs de ma pièce tombe à mes côtés blessé d’une balle à la tête. A la nuit la canonnade a cessé. Plus de 1000 coups ont été tirés par notre artillerie.
12 Sept. Journée calme.
Dim 13 sept. On attend l’ordre de se porter en avant. On reste sur place le soir, on cantonne à Bouxieres. Nuit tranquille. Le 234 est avec nous. Les batteries d’obusiers allemandes qui nous avaient tant canonnés la veille ont été enlevées à la baïonnette par un régiment Fr.
14 sept. Nous quittons Bouxières dès l’aube pour nous porter en avant vers la frontière. Nous stationnons dans la forêt de Champenoux avec la 22e et 23e batterie, forêt occupée deux jours avant par les allemands et située à 2 km de la frontière. Là on a pu voir l’effet de nos obus dans la forêt des Eautal qui se trouve à côté. Le spectacle est horrible à voir. Des fusils abandonnés, des vivres de toutes sortes, des casques, des munitions abandonnées par les allemands, et enfin les morts allemands, gisant dans les tranchées frappées dans des positions diverses par nos obus explosifs.
Mardi 15 sept. Journée calme. De l’eau toute la journée. Le soir on couche à la même position.
16 sept. Nous partons sur les six heures du matin pour une destination inconnue. Peu après nous apprenons notre marche sur Landremont où nous arrivons après une étape de 30 km. Nous prenons positions exactement à notre ancienne
Jeudi 17 sept. Journée calme.
18 sept. id 19-20-21 id
22 sept. Nous quittons Landremont pour prendre position à Bezaumoix. Journée calme.
23 sept. Le matin nous revenons sur notre position. Sur les 10h du matin, un ordre nous ordonne d’aller prendre position près de Mousson. Nous passons à Loriyez à Atton et prenons position au devant du 120 qui est avec nous. On tire une cinquantaine d’obus. Le soir ils nous arrive quelques obus allemands, la moitié n’éclatent pas. Le soir nous retournons cantonner à Loisy.
Jeudi 24 sept. Nous revenons le matin à peu de distance de la veille. Le matin 8h violente fusillade sur notre droite dans la forêt de Jacz. Le soir cantonnement à Loisy.
Vendredi 25 sept. Nous revenons au petit jour sur les positions de la veille avec la 28e batterie du 49. Nous tirons quelques salves. Sur les 10h les allemands tirent une vingtaine de coups de canon sur la tour de Monssien à 1 km environ de notre position. La batterie de 120, dont 2 pièces sont à Loisy et les deux autres à mi-chemin de Loisy à Atton, envoie de temps en temps quelques salves. Le soir nous recevons l’ordre vers 4h et demi de partir en avant vers Pont-à-Mousson. Nous prenons position après du cimetière de Pont-à-Mousson, une pièce seulement se met en batterie. On avait signalé une division allemande cherchant à se réfugier sous les forts de Metz. La pièce tirait à volonté sur l’enne,i et le caisson de la 2ème pièce se trouvait à proximité sur le chemin, quand après l’envoi de 73 obus une batterie allemande en arrière de la crête nous démarqua sans doute par les lueurs. Nous fumes repérés aussitôt au moment où l’on se préparait à partir. Les obus éclataient auprès de la pièce – aucun blessé. On retourne cantonner à Loisy.
26 sept. Journée calme.
27 sept. Même position près d’Atton. Nous partons vers les 11 heures du matin prendre positions auprès de Pont-à-Mousson. Dans l’après-midi nous tirons 80 obus sur Morey à obus à balles et explosifs. On entendait toujours la canonnade vers Thiancourt. Le soir nous rentrons à notre cantonnement.
Lundi 28. Départ et mise en batterie comme les jours précédents. A 13h nous quittons notre position pour aller prendre celle que nous avions occupée le 23 auprès du petit pont.
Le soir nous cantonnons à Loisy.
Mardi 29. Départ de Loisy et mise en batterie à la position d’hier soir.
Cette nuit une violente fusillade ainsi que quelques coups de canons s’est fait entendre dans la direction de Thiancourt. Une batterie allemande tire quelques fusants sur Pont-à-Mousson. La batterie du 49e qui se trouve devant nous la repère aussitôt et la détruit. La journée reste calme nous faisons des retranchements. Un ballon captif parait du côté de Ste Geneviève. Un avion français pousse une reconnaissance sur les lignes de tir. Vers dix heures deux batteries de 75 se dirigent vers Pont-à-Mousson. A la tombée de la nuit nous retournons nous cantonner à Loisy.
Mercredi 30. Gelée blanche, fort brouillard. Nous revenons à notre position de la veille. Nous installons notre téléphone. Mêmes conditions que la veille. Journée calme nous retournons à Loisy à la tombée de la nuit.
Jeudi 1er oct. Brouillard avec fortes gelées. Le froid commence à se faire sentir. Le matin nous retournons à notre position de la veille. Matinée calme, à 4h du soir nous sommes bombardés par trois batteries allemandes qui sont en position du côté de Norois. La batterie ne reçoit rien. Le 49 qui se trouve à côté de nous a deux morts et 4 blessés. Le 95 d’artillerie lourde a 5 morts et 3 blessés. Un obus a monté un mort dans un arbre sur le bord de la route. Un cheval fut coupé en deux. Le soir le calme est revenue nous retournons à Loisy. Le 120 tire toute la nuit.
Vendredi 2. Nous avons réveil un peu plus tôt que de coutume. Nous allons reprendre nos mêmes positions. Nous installons notre téléphone sur le bord de la route ou nous avons un bon abri qui consiste dans un (?) assez élevé qui passe sous la route. Vers 10h une voiture ramène les morts de la veille à Atton. Cette voiture est escortée par des hommes en armes. A 1 Heure ils ramènent celui qui était dans l’arbre. A 2h a lieu les funérailles des morts sur le champs d’honneur. La batterie de tir ne peut y assister. L’adjudant avec une dizaine d’hommes de l’échelon y assiste. Ils sont tous mis dans la même fosse enveloppés dans des draps. Beaucoup de monde y assiste. Un Lieutenant fait un discours. La journée se passe sans incidents. Le soir nous rentrons à Loisy.
Samedi 3. Plusieurs avions nous survolent; malgré tout la journée reste calme.
Dimanche 4. Même positions, rien de nouveau jusqu’à 4h mais à ce moment on nous prévient que plusieurs batteries ennemies se mettent en position. Notre 120 attaque, alors le duel commence et dure environ 1h. C’est une batterie de 105 qui tire sur nous et une batterie de 77 qui tire sur la passerelle de Pont-à-Mousson qui fut construite il y a quelques jours par le 6e Genie. L’ennemi cesse le feu le premier nous irons encore quelques salves après. De notre côté il n’y a aucun mal. D’après le rapport du Capitaine les batteries ennemies seraient démolies. La nuit nous retournons à Loisy à notre cantonnement.
Lundi 5 oct. De bonne heure nous allons prendre position 1500 m plus loin auprès de Pont-à-Mousson à la (?) du 49e, position que nous avions deja occupe des le debut. Moi je vais comme planton de la batterie au poste central de Pont-à-Mousson pour porter les ordres à la batterie. La journée fut calme : aucun ordre à transmettre. Le soir nous retournons à Loisy.
Mardi 6 oct. Nous avons repos pour deux jours mais à la guerre il ne faut pas compter là-dessus. Le matin nous changeons le linge, graissage du materiel. A 4h nous avons alerte, nous attelons et nous attendons l’heure du départ. Un peu avant la nuit nous allons commencer des retranchements auprès de Loisy. La nuit les chevaux sont attelés nous rentrons à notre cantonnement.
Mercredi 7 octobre. A 1h 1/2 nous avons alerte, nous partons pour une reconnaissance avec le 232. Nous passons à Atton ou reste la 2e section. Nous doublons les attelages pour monter à Mousson. Il fait grand froid, le vent souffle. Nous allons prendre position auprès de Lemesnil qui est à faible distance de Cheminot (village allemand). Nous sommes à 2 km 500 de la frontière. Le 232 attaque, il y a une canonnade furieuse. Nous ne tirons pas. Le 95 et le 120 tirent quelques salves. Le 232 se retire et nous aussi, il y a 3 morts et 8 blessés au 232. Nous nous n’avons pas de mal. Nous retournons à Loisy. Entre Atton et Loisy le 232 a été aperçu par l’ennemi qui nous envoie quelques salves, il y a un blessé. La soirée reste calme. A 7h du soir nous partons de nouveau nous mettre en batterie auprès de Mousson. Je couche auprès de mon téléphone sous une petite bâche avec un de mes camarades. La nuit ne fut pas chaude.
Jeudi 8 oct. Le réveil est sonné de bonne heure. Tout le monde saute pour se réchauffer. Nous faisons immédiatement des tranchées abri pour nous réchauffer. La journée reste calme. Le soir on couche à la même position, mais dans la journée nous avons réquisitionné des gerbes, le soir nous nous faisons un bon abri, nous n’avons pas froid.
Vendredi 9 oct. Nous restons à la même position. La matinée est assez calme. Le soir une batterie de 77 allemande tire pendant 1 h, de l’autre côté de Mousson le 75 et le 95 aussi, ce dernier jusqu’à la nuit. Le soir nous rentrons à Atton au cantonnement.
Samedi 10 octobre. A la première heure nous reprenons notre position de la veille. La journée reste calme. Le soir nous cantonnons à Atton.
Dimanche 11 oct. Même position, journée calme. Le soir nous rentrons à Atton.
Lundi 12 oct. Ce matin à la première heure nous retournons à Bezaumont. Nous prenons la place de la 22e. Il y a des tranchées couvertes avec des rails. Nous passons auprès d’un ballon captif. Il fait un temps superbe. Le soir nous couchons à Bezaumont.
Mardi 13 oct. Après le réveil nous apprenons que nous passons la Moselle pour nous porter à notre gauche pour renforcer la 64e division. Nous passons par Dieulouard sur un pont fait par la compagnie du Génie. Villers en Haye, Tremblecourt, Dommere en Haye. Nous arrivons à Menorville vers 1h 1/2. Là nous faisons halte pour faire la soupe et faire manger les chevaux. Ensuite nous repartons à 5h pour aller cantonner à Grossouvre. La route est mauvaise après toutes les troupes qui y ont passé. Nous arrivons après 1h 1/2 de marche. La nuit est noire, les chevaux restent attelés au parc, les hommes sont cantonnés pendant deux heures, nous entendons une vive fusillade qui ne parait pas très éloignée de nous.
Mercredi 14 oct. La batterie est divisée, une section seulement va prendre position. C’est la deuxième qui part. Moi je reste au cantonnement. Rien de nouveau à signaler dans la journée. Le soir nous allons remplacer l’autre section aux pièces, qui se trouve à 4 km de notre cantonnement auprès d’un bois de la Boisonne. On y va à pied, on couche dans des petits abris en terre et il n’y a pas beaucoup de paille.
Jeudi 15 oct. Au réveil nous allons rendre visite à un boche et à un cheval que l’autre équipe nous avait à 100m de nous dans un fossé. Dans la journée je suis allé visiter la lisière du bois. On trouve des débris de toutes sortes, fusils, gamelles, linges, et une quantité de tranchées où sont enterrés des boches. Il y en a même qui ne sont pas enterrés. Le spectacle est terrifiant et l’odeur n’est pas bonne. Journée calme, nous sommes relevés à 5h.
Vendredi 16 oct. Nous avons repos jusqu’à 5h du soir, où nous allons remplacer les autres dans les tranchées. Le soir je suis de garde au téléphone avec le Maréchal des Logis Bouillard et trois autres servants de la 1ère pièce. La nuit est assez calme, quelques coups de feu seulement par l’infanterie.
Samedi 17 oct. La matinée est assez calme. Le 95 et le 155 long tirent quelques salves dans l’après-midi. L’artillerie allemande répond par quelques coups de canon. Le soir les avant-trains viennent pour chercher les pièces. Ils viennent avant la nuit et furent aperçus par l’artillerie qui ne tarda pas à nous envoyer quelques salves qui heureusement ne nous font aucun mal. Le soir nous cantonnons à Grosrouvre.
Dimanche 18 oct. A la première heure nous quittons Grosrouvre pour retourner avec notre groupe. Nous passons à Minorville, Dommere en Haye, Tremblecourt, Villers en Haye, Dieulouard, Ville au Val. A Belleau nous allons prendre position sur une crête non loin de ce village. Le soir nous cantonnons à Belleau.
Lundi 19 oct. Rien à signaler.
20 au 3 novembre. Idem.
3 novembre. Depart de Belleau, evacué sur l’hôpital de Pompey.
3 novembre au 3 décembre. Hôpital de Pompey.
3 décembre. Evacué sur Nancy (Lycée Poincaré).
Interesting quote
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From “from bacteria to back…” by Daniel C. Dennett : Four degrees of intelligence, or comprehension of the world.